Adresse à Mme Fatou TAMBEDOU, ancien Ministre délégué (Lamine Aysa Fall)

Madame le Ministre, chère camarade,

En faisant ces déclarations à l’hémicycle, vous venez de poser un acte sans précédent, et votre cri du cœur relayé par la presse ne vous honore pas. Cela n’honore ni le régime du Président Macky SALL, ni notre parti l’Alliance Pour la République. Le courage et l’audace (j’allais dire la témérité) dont vous avez fait montre, vous prédisposent incontestablement à régler vos désaccords philosophiques avec votre tutelle dans le secret de vos bureaux. Dès lors, votre choix du lieu du discours ne pouvait être qu’à la hauteur des frustrations dont vous avez fait étalage. Cependant, même si on vous le concède, aucun Etat, aucune République ne peut s’accommoder d’une telle démythification, d’une telle désacralisation de ses institutions. Mon intime conviction est que le Président de la République à pris la bonne décision de vous démettre pour que force reste à la République et à l’Etat.

En revanche, vous venez d’inaugurer une nouvelle ère d’une autre forme de contestation, celle de la protestation des vainqueurs. Cela me rappelle un peu, les marches organisées par les libéraux lorsqu’ils étaient encore au pouvoir. Comment peut-on être aux commandes et protester en même temps ? Certains pensent que vous aviez entre les mains une assiette en or, même si elle était vide. Dès lors, j’imagine votre mal être par moment, mais aussi le ouf de soulagement que vous avez dû dégager… Je peux donc comprendre que vous vous sentiez désormais bien dans votre peau après ces instants face aux députés.

Madame le Ministre, vos amis ne doivent pas rater cette occasion de vous dire que vous n’avez pas raison sur toute la ligne. Votre vérité a été emportée par le déluge boueux d’une erreur de choix du lieu. Comment un Ministre de la République peut-il manquer d’autant de tact et de courtoisie républicaine pour s’abandonner à des déballages de la vie propre et interne de cabinet ? Comment peut-on accepter qu’un mal être de cabinet puisse jaillir au-delà des frontières de la représentation nationale pour atterrir derrière les grilles de la Présidence de la République?
Je ne voudrais pas être sûr que ce matin, vous soyez fière de vous par rapport à la tournure et à l’ampleur de l’acte posé. Vous traversez certainement une période difficile… Une période de crise. Mais, sachez que dans l’existence, il y a toujours une lueur d’espoir, une raison d’espérer…! Au cœur du désespoir, une espérance fait son chemin, attendant patiemment la fin de la crise.
Madame le Ministre, au cœur de nos cataclysmes personnels, la vie préserve toujours un lieu, une sphère de remise en question de soi. Même face à l’épreuve, il reste toujours un espace en nous même, connu ou encore inconnu à nos yeux. Même si vous êtes totalement désespérée et déprimée, vous pouvez tenir à la surface jusqu’à la fin de l’épreuve. Ne vous demandez jamais ce que vous pouvez espérer, le programme et l’agenda divin sont massifs.
Certes, les raisons d’espérer sont fragiles et peuvent paraître invisibles, mais même ces moments difficiles nous permettent de grandir, nous transforment et nous rendent plus forts pour l’avenir.

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