Sénégal : on ne vampirise plus l’Etat impunément
« Gouverner, ce n’est plus couvrir des détourneurs de deniers, c’est les faire rembourser. »
Redonner sens à l’État et accorder au citoyen sa pleine place dans la République, semble être le crédo des toutes nouvelles autorités sénégalaises. Trop longtemps, l’État a été réduit à un guichet d’enrichissement privé. Les ministères considérés comme des butins, les fonctions publiques prises pour des tremplins et la justice sénégalaise vraisemblablement aux ordres : ce schéma a bien réussi à tous les hommes politiques, de Senghor à Macky Sall. Aujourd’hui, ce modèle touche à sa fin. Il ne s’agira pas d’un simple changement de méthode, mais d’une Rupture. Une rupture nécessaire, radicale, pour que l’État redevienne ce qu’il n’aurait jamais dû cesser d’être, un bien commun au service du peuple sénégalais. Certains hommes politiques pensaient que rien ne changerait. Que l’État resterait à genoux, pillé sans fin par une poignée de privilégiés habiles à contourner les lois qu’ils faisaient mine de respecter. Pendant des décennies, les fonds publics ont été siphonnés, les institutions dévoyées, et la justice transformée en instrument d’oubli. Mais voilà : une nouvelle ère s’est ouverte, brutale, implacable et rancunière pour certains, salutaire pour d’autres. Elle ne promet pas, elle agit. Elle ne négocie pas avec les voleurs, elle les confronte et les traque. Entre le recouvrement des deniers détournés ou mal acquis, les réformes en profondeur, le pari d’une justice sans passe-droits : les signaux sont clairs. L’État ne plie plus. Il se relève, impose ses règles, et rappelle que le pouvoir, lorsqu’il est au service du peuple, n’a pas à s’excuser d’être ferme. Dans ce qui suit, nous ferons tour à tour un état des lieux de prise de pouvoir des nouvelles autorités, ensuite nous analyserons le choc du redressement, suivi de l’étude d’une justice impartiale, avant de terminer avec la stratégie de l’apaisement.
Durant de longues années, l’État a été capturé par un réseau de privilèges et de complicités qui a érigé le détournement de fonds publics en méthode de gouvernance. Derrière la façade institutionnelle, un système parallèle s’est construit, fait de passe-droits, de marchés opaques, et d’une impunité soigneusement entretenue. Les deniers publics, censés irriguer les services sociaux de base, alimentaient plutôt des circuits de prédation au profit d’une petite minorité de sénégalais bien introduite. Les projets de développement devenaient des prétextes budgétaires, les appels d’offres des paravents pour des ententes discrètes, et les institutions de contrôle, des coquilles vidées de toute autorité réelle par un « coude » suffisamment lourd pour imposer l’omerta. Ce n’était pas une série de dérapages ou de scandales isolés : c’était un mode de fonctionnement. L’absence de justice indépendante et l’instrumentalisation de l’administration avaient rendu possible ce qui, ailleurs, aurait été inqualifiable. Pendant que les comptes publics se vidaient, la confiance populaire s’érodait, lentement mais sûrement, compte non tenu d’une éventuelle falsification des finances publiques. Le fossé entre le peuple et son État n’a cessé de se creuser. Le Sénégal d’en bas continuait de crouler sous le poids d’un système mafieux dont la seule règle était l’accaparement à outrage de nos ressources. Mais, notre pays le Sénégal est une terre aimée des dieux. Nous avons connu le 19mars 2000, ce fut un remplacement et non un changement. Nous avons vécu un 25 mars 2012, c’était un mixte politique. Nous venons d’acter un 24 mars 2024 avec un choc du redressement, comme pour dire, enfin l’État reprend ses droits.
Le changement ne s’est pas annoncé par des discours, mais par des actes. Dès leur prise de fonction, le Président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre ont opté pour une approche directe, sans faux-semblants : identifier les failles, remonter les circuits de détournement, et engager des procédures de recouvrement inédites dans leur ampleur en mettant en branle une justice implacable. Ce n’est pas une simple campagne d’image, c’est une volonté politique affirmée de rétablir l’autorité de l’État sur la base de la vérité et du langage véridique. Le peuple sénégalais avait une telle soif de vérité et de naturel qu’il du mal, par moment, de suivre la cadence imprimée par les plus hautes autorités de ce pays. Des enquêtes ont été ouvertes suite à la publication de rapports d’audits, un parquet financier mis en place ; et des responsables, hier encore intouchables, ont été interdits de sortir du territoire national et sommés de rendre compte. Le signal est clair : le pouvoir ne couvrira plus les abus. Il les combattra, au nom de l’intérêt général.
Parallèlement, des réformes structurelles ont été amorcées dans la gestion publique. L’ère Diomaye-SONKO marque la fin du laxisme budgétaire, la traçabilité renforcée des dépenses publiques, la limitation des dépenses farfelues et fantaisistes, et rationalisation des effectifs administratifs : il ne s’agit pas seulement de sanctionner, mais de reconstruire des mécanismes durables de bonne gouvernance. Comment ne pas revoir la masse salariale d’une entreprise lorsque nous passons du simple au triple dans le recrutement de personnels d’un Directeur général à un autre ? Comment ne pas se séparer de ces employés qui n’ont jamais mis les pieds dans leur entreprise ? Il y a trop de gras dans nos entreprises, il faut dégraisser sans complaisance. Toutefois, ce redressement doit s’accompagner d’un effort de pédagogie auprès des citoyens. Car restaurer la confiance ne se décrète pas. Il faut en démontrer la nécessité, en assumer les coûts et en garantir la transparence. L’État ne se contente plus de promettre : il prouve qu’il peut agir autrement.
L’un des tournants les plus attendus – et les plus redoutés – de cette nouvelle gouvernance réside dans la réaffirmation d’une justice indépendante, égale pour tous. Une justice sans faveur ni parti pris à travers laquelle l’égalité devant la loi est érigée en doctrine. Longtemps perçue comme sélective, lente et soumise à des intérêts politiques, la justice entame aujourd’hui une mue profonde, portée par une volonté de restaurer sa crédibilité. Des procédures longtemps enfouies sont enfin ouvertes, les dossiers sensibles ne sont plus enterrés. Nous ne citerons aucun nom, pour éviter des confusions. En tout cas, qu’ils soient ministres, hauts fonctionnaires, figures politiques ou puissants hommes d’affaires, les mis en cause ne sont plus protégés par leur statut. Une rupture symbolique, mais surtout systémique : la loi ne regarde plus les titres, elle s’applique aux actes.
Cette rigueur nouvelle s’accompagne d’une vigilance sur les méthodes. L’État veut éviter les dérives populistes ou expéditives. Pour le duo Diomaye-SONKO, il ne s’agit pas de venger l’histoire, mais de réparer la République. Chaque dossier est traité selon le droit, et non selon l’émotion ou la pression publique, précisera le Garde des Sceaux. C’est dans cette exigence que réside la vraie force de ce que nous sommes en train de vivre : faire de notre justice non pas un outil de revanche, mais un levier de confiance. À travers cette approche, c’est une promesse d’Ousmane SONKO qui refait surface : celle d’un pays où la loi protège les faibles et contraint les puissants, où nul ne peut échapper à ses responsabilités simplement parce qu’il les a longtemps contournées.
Redresser un pays ne se fait pas uniquement par la répression ou la rigueur technocratique. Il faut aussi parler aux cœurs, écouter les colères, et reconnaître les blessures accumulées. Conscientes de cette réalité, le Président Diomaye a entamé un dialogue ouvert avec les forces sociales : syndicats, mouvements citoyens, organisations professionnelles. Un dialogue national franc, mais sans démagogie est aussi programmé pour le mois de mai 2025. Le Président de la République et le chef du gouvernement savent tous les deux, qu’ils ont le devoir d’apaiser le climat sociopolitique, toutefois sans jamais céder aux fanfaronnades d’une opposition qui peine à exister.
Le message est clair : l’État veut apaiser, mais il ne pactisera pas avec l’ancien désordre. Il tend la main aux travailleurs, aux enseignants, aux paysans, aux jeunes, aux femmes, à tous ceux qui ont tenu le pays à bout de bras malgré les injustices. Mais, il se montrera intransigeant face à ceux qui, derrière des revendications sociales et entretenus par des barons de l’ancien régime, tentent de défendre des rentes, des passe-droits ou des intérêts claniques.
Des mesures concrètes sont déjà en œuvre : revalorisation de certains salaires de base, amélioration des conditions de travail, réformes ciblées dans les secteurs vitaux. Ce n’est pas la distribution d’avantages, c’est la réparation d’un contrat social brisé. Il s’agit de reconstruire un lien de confiance entre l’État et ceux qu’il sert, sans tomber dans les anciennes logiques clientélistes. Mais cela, certains hommes politiques ne peuvent pas le comprendre.
Le Premier ministre SONKO ne cherche pas à imposer le silence, mais à instaurer l’écoute dans la clarté. Le Sénégal ne retrouvera la paix que si la justice précède la réconciliation. Et cette paix, aujourd’hui, se construit non dans les compromis douteux, mais dans le respect des règles communes.
In fine, il sera question dorénavant de reprendre l’État des mains d’une poignée de privilégiés pour rendre le pays au peuple sénégalais. Ce qui se joue aujourd’hui dépasse les procédures judiciaires, les réformes administratives ou les opérations de recouvrement. Il s’agit d’un choix de civilisation et d’une culture politique : mettre fin à une ère de prédation normalisée, et replacer l’État sénégalais au cœur du pacte républicain. Ce 24 mars 2024 n’est pas une simple alternance, c’est une rupture avec les réflexes d’un système qui, trop longtemps, a confondu pouvoir et impunité, autorité et abus, paix sociale et corruption silencieuse, trésor public et coffre-fort domestique.
Reprendre l’État, c’est refuser qu’il soit l’otage de groupes privés, d’ambitions personnelles ou de logiques de rente. C’est restaurer l’idée que la chose publique appartient à tous, et que sa gestion doit obéir à l’intérêt général, non aux intérêts particuliers. Et que tout ce qui est d’intérêt public doit être rendu public. Mais cette reconquête ne pourra durer que si elle s’inscrit dans le temps, dans la rigueur et dans le droit. Les résistances seront nombreuses, les pièges subtils. Pourtant, une dynamique est lancée. Et si elle tient bon, c’est tout le Sénégal qui peut enfin se redresser, non dans la peur ou la colère, mais dans la justice et la dignité retrouvée.