Le Féminisme, une doctrine de l’exutoire: Réponse à Fatou Warkha Samb, Journal Le Quotidien (par Samba Nd Diallo)

Le Féminisme, une doctrine de l’exutoire…(Réponse à Fatou Warkha Samb, Journal Le Quotidien)

Si vous ne vous mariez pas, c’est votre affaire !Fatou, j’ai commencé à vous lire il y a peu. « Le regard de Warkha ». Ce dont je suis certain, vous ne changerez pas de genre. Vous ne changerez pas de condition. Vous ne changerez pas de coiffure ou de culture. Vous ne changerez ni de pays ni le cours des choses, d’ailleurs. Vous parlez donc de choses sur lesquelles, vous n’avez aucune maitrise. Vous y avez un regard de dépit. Vous serez en colère, toujours. Cela arrive lorsque vous ne savez pas ou lorsque que vous ne comprenez pas. Vous pensez. Et ce à quoi vous pensez, n’est pas ou ne peut pas être indubitablement conforme avec la matérialité. La subjectivité de la Doctrine vous étreint et vous suffoquera. Pour rien.C’est pourquoi, je ne vous parlerai que de choses que je sais. Je ne vous dirai que des choses que j’ai vues, que vous avez vues aussi, sûrement. Elles peuvent être à votre convenance. Elles peuvent ne pas l’être, non plus. Nous sommes de conditions différentes, mais d’égale dignité. Pourtant, si je vous ôte la vie (c’est une parabole), dans le mariage c’est un féminicide. Si c’est vous qui le faites, même que vous le faites souvent, il n’y a pas de mot pour qualifier votre crime. Les autres diront : « elle a échaudé son mari à l’huile ou elle l’a empoisonné… » Quelle mort terrible ! Et pourtant… Je ne vous égrènerai pas de victimes, comme vous le faites.Dernièrement, je vous ai lue (« Tariq Ramadan comme Cheikh Yérim, comme Sonko »)*, vous en prendre violemment à Tariq Ramadan venu faire son travail à Dakar. Les tribunaux qui l’ont laissé libre, faute de mieux ont tous tort selon vous, sans doute. Puis, vous avez comparé, irrespectueusement et injustement Ousmane Sonko, opposant devenu le Premier Ministre du Sénégal le citant nommément, à un délinquant sexuel jugé et condamné pour faits de viol en audience publique. Vous avez pourtant souligné et reconnu que le premier (Ousmane Sonko), a été condamné pour « Corruption de jeunesse » in fine ; donc accusé de viol à tort. C’était, j’aime le rappeler, la même et unique sentence de l’histoire de l’Humanité contre un certain Socrate, que prononça le tribunal de l’Héliée en 499 avant Jésus Christ ! Pourquoi donc faites-vous une telle comparaison aussi malsaine ? Votre féminisme, en plus d’être une doctrine de l’exutoire, est-elle donc aussi celle de la haine ?Vous êtes « une fille du Sénégal un pays riche de ses traditions, mais aussi modelé par des normes sociales profondément inégalitaires qui conditionnent le quotidien des femmes. C’est depuis cet endroit précis que je parle. Mon regard est celui d’une sénégalaise ancrée dans une société où les structures du pouvoir reproduisent des hiérarchies de genre, perpétuant ainsi l’infériorisation des femmes à travers des institutions, des coutumes et des discours profondément enracinés » (Lu sur le Regard de Warkha du lundi 25 mai 2025).Vous avez raison. Pour le reste de votre texte, vous faites une description sociétale incomplète à dessein, parce que tendancieuse par endroit, à dessein aussi. Je vous complète, suivez-moi ! Il y a que vos compatriotes les femmes sénégalaises, pas toutes puisque tous les hommes non plus ne tuent pas les femmes, vendent de la joie. La liberté leur a données d’exercer ce métier dont on dit l’ancêtre des emplois rémunérés. Elles sont dotées de documents officiels par le Gouvernement, de sorte que personne ne les stigmatise y compris les misogynes que nous sommes tous, nous autres les hommes d’après la Doctrine. Le travail libère mais le leur, les enchaine et les enferme à jamais. Ces femmes, même reconverties dans un foyer, une dispute banale se chargera toujours de déterrer l’histoire enfouie dans les ténèbres des mauvais souvenirs de la honte, pour les dévaster. C’est comme ça. Nous sommes une société qui oublie vite, mais qui ne pardonne jamais. Elles sont dans l’ombre, mais nous les voyons tous. Vous les voyez aussi. Elles ne sont éclairées que par les faisceaux de lumière des phares des véhicules de ceux-là qui les y amènent pour honorer avec elles leurs contrats synallagmatiques. Vous n’en parlez jamais. Je ne sais d’ailleurs pas pourquoi vous en parleriez ! Elles ne font aucun mal, comme les hommes qui les marchandent…Pourtant, il est un pays où, les filles de joie ne se trouvent pas dans les rues. Elles ne sont ni à l’ombre ni sous la lumière. On ne les voit jamais. Mais, on y voit leurs cartes, par terre. Sur ces cartes, on y trouve le numéro de téléphone bref, tous les contacts pouvant mener à la fille. On balaie les rues tous les jours. Et tous les jours, les cartes reviennent. On ne sait pas d’où elles viennent. Elles jonchent les rues, les allées comme le font les feuillages des arbres en automne. C’est un pays de tradition comme le vôtre, le nôtre. « Un pays riche de ses traditions, mais aussi modelé par des normes sociales profondément inégalitaires qui conditionnent le quotidien des femmes », sur lequel vous posez votre regard. C’est un pays de tradition pudique, où l’on tue pourtant ceux et celles qui forniquent. Un pays où l’on coupe la main aux voleurs… Mais un pays où l’on n’insulte pas autrui. Un pays où l’on accuse pas les autres à tort et à travers parce qu’on ne les aime pas. Un pays où on ne regarde pas les autres non plus, avec les yeux et l’esprit de sa doctrine.Il y a que vos compatriotes les femmes sénégalaises, sont choisies pour jouer dans les spots de publicité des produits de beauté et autres produits. Elles remuent monts et merveilles pour être choisies. Elles se donnent pour être choisies. Elles l’ont dit. Elles sont belles. Elles jouent leurs partitions dénudées ou presque. Elles jouent aussi dans ces espèces de séries télévisées à l’issue desquelles, elles sont abusées. Elles sont abusées en vrai dans des odyssées de mirage, des mariages fugaces. Parce qu’elles sont mal réveillées de cette torpeur de rêve que leur donnent les semblants de positions sociales parfaites et factices qu’elles y jouent, qu’elles y incarnent. La réalité est toujours différente, cruelle hélas. Elle les rattrape, elle les meurtrit. Est-ce qu’elles vous en ont parlé ?Elles sont utilisées tels des objets pour les complots, plus sordides les uns que les autres contre les hommes, contre les révolutionnaires qui habitaient la tour immuable d’en face. Le saviez-vous ?Elles sont jugées et condamnées à perpétuité assez souvent par les Cours et Tribunaux, pour infanticide. Elles le sont à cause de ces bébés malvenus dont elles ôtent la vie, de dépit, de cruauté aussi. Ces enfants encombrants, fruits de distractions adultérines avec l’absence de leurs maris qui désertent leurs foyers et errent vers les horizons divers pour leur trouver ici, une meilleure existence depuis ailleurs. Leurs maris sont diabolisés aussi, par la Doctrine sous l’influence de laquelle, des femmes demandent à nos juges de casser près de mille ménages par an. Et puis ces femmes, qui sortent des foyers, deviennent les maitresses des hommes qui y restent. Quelle connivence d’avec l’absurde !Il va s’en dire, féminiser tel que vous le faites, Fatou, est un art qui n’embellit pas. Or, la femme n’est que beauté ! Certaines femmes ne seront pas féministes. Certaines femmes ne seront jamais giflées. Certaines femmes ne feront jamais certaines comparaisons. Certaines femmes ne porteront que l’amour… Et je me surprends à relire sur un pan de mes souvenirs, un sujet de dissertation philosophique que voici : « Sur l’épitaphe de la tombe d’une femme grecque, on pouvait lire : Elle fila de la laine et resta à la maison. »

Un compatriote misandre, Samba Nd. Diallo

Dakar, Sénégal

*Le Regard de Warkha, Journal Le Quotidien du 12 mai 2025

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