Ousmane SONKO : Acte de rupture en Diplomatie Sénégalaise (par LAF)

SONKO bouscule l’ordre établi : le réveil diplomatique du Sénégal

« Il n’y a pas de diplomatie forte sans conscience du danger, sans courage face au désordre. » (Amilcar Cabral)

Le retour du chef de gouvernement d’une tournée dans plusieurs pays de la sous-région n’est pas un fait banal, encore moins un geste anodin. C’est un acte de résistance. C’est une réponse politique à l’urgence sécuritaire et à l’effondrement des certitudes diplomatiques héritées. Dans une région où les armes parlent souvent plus fort que les discours, où les alliances changent plus vite que les communiqués, il fallait une voix ferme, une présence physique, une volonté claire. Cette tournée signe la naissance d’une diplomatie sénégalaise de rupture : lucide, engagée, et profondément ancrée dans les enjeux de sécurité collective.

Pendant que le ministère des Affaires étrangères s’égare dans l’improvisation et le suivisme, le chef du gouvernement trace une ligne de front : celle de la souveraineté, du partenariat stratégique et de la défense de nos intérêts vitaux. Cette diplomatie de terrain, cette diplomatie d’anticipation, s’impose comme la seule voie possible face à la recomposition brutale de notre environnement régional. Car désormais, se taire, c’est trahir ; attendre, c’est périr. Il faut parler le langage de la sécurité, agir avec fermeté, et construire des ponts armés de lucidité. C’est à ce prix que le Sénégal restera debout.

Nous nous intéresserons dans ce qui suit au sens profond de la tournée du Premier ministre Ousmane SONKO dans la sous-région, ensuite à l’urgence d’une diplomatie sécuritaire coopérative et enfin à la nécessité de réformation du ministère de l’intégration africaine et des Affaires étrangères.

La récente tournée régionale du Premier ministre de la République du Sénégal Ousmane SONKO n’est pas une simple mission diplomatique : c’est aussi un acte de rupture, un signal fort, un sursaut de lucidité dans un contexte où le Sénégal risquait le silence complice face à l’embrasement de la sous-région. En choisissant de dialoguer directement avec les dirigeants du Mali, du Burkina Faso, de la Guinée ou de la Mauritanie, le Premier ministre a affirmé une vérité que certains refusent d’admettre : le Sénégal ne peut plus rester spectateur dans un espace ouest-africain en pleine recomposition géopolitique. D’ailleurs, les choix de rupture d’une certaine façon avec la France et la volonté de renégociation de certains accords avec les partenaires traditionnels lui imposent une toute nouvelle posture.

À l’heure où la diplomatie sénégalaise officielle, enfermée dans ses routines et son manque de vision, vacille sous le poids de l’inexpérience ministérielle, la tournée de SONKO a redonné sens et souffle à une parole diplomatique en panne depuis un certain temps. Il ne s’agit plus de serrer des mains pour la photo, mais de construire des axes de coopération sécuritaire, d’anticiper les menaces, de protéger nos frontières, d’échanger les renseignements, de peser dans les nouveaux équilibres régionaux.

Ce geste politique est aussi une critique silencieuse, mais claire du statu quo : face à la paralysie d’une diplomatie figée, c’est la primature de la République du Sénégal qui a pris ses responsabilités. C’est un acte d’autorité, mais aussi de lucidité patriotique. Il faut désormais transformer cet élan en doctrine, cette tournée en cap stratégique, ce réveil en refondation.

La sécurité de notre peuple ne peut être abandonnée aux diplomates de salon. La menace est claire : infiltrations terroristes, trafics d’armes, déstabilisation rampante des zones frontalières. Mais, la réponse ne peut être seulement militaire. Elle doit être politique, communautaire, économique, culturelle. Elle doit unir tous les États de la sous-région dans une coalition de survie et de solidarité, où chaque poste frontière devient un poste d’écoute, chaque route transfrontalière un corridor de coopération, chaque communauté une sentinelle de la paix. Elle doit être portée par des dirigeants lucides, connectés au réel, et prêts à assumer une diplomatie de combat au service de la souveraineté nationale.

Le ministère sénégalais des Affaires étrangères traverse une crise de légitimité et de compétence à un moment où le pays a justement besoin d’une diplomatie forte, visionnaire et agile. Alors que la sous-région est confrontée à des recompositions majeures, que les menaces sécuritaires ignorent les frontières, et que la souveraineté se gagne aussi dans les arènes diplomatiques, l’institution censée porter la voix du Sénégal à l’extérieur semble déconnectée, hésitante, sans boussole.

Le malaise est profond : manque de leadership politique, profils diplomatiques dépassés par les nouveaux enjeux sécuritaires, incapacité à initier des dynamiques d’influence ou à anticiper les tensions. La diplomatie sénégalaise s’est figée dans une posture cérémonielle, faite de communiqués creux, vaseux (et quelque fois oiseux), de déplacements stériles, de discours formatés. Pendant ce temps, le monde avance, se fracture, se réaligne, sans notre pays le Sénégal.

La nomination d’un ministre inexpérimenté à la tête de ce ministère stratégique a aggravé la situation. Ce choix politique, guidé par des équilibres internes, a affaibli la diplomatie nationale, dilué ses messages, et suscité de sérieux doutes chez nos partenaires.

Il est urgent de revoir en profondeur l’architecture et la doctrine du ministère : réorientation des formations diplomatiques, intégration de profils sécuritaires, coordination étroite avec le ministère des Forces armées dirigé par le Général Birame Diop, celui de l’Intérieur avec à sa tête le Général J. B. Tine, et l’ensemble des réseaux du Renseignement. La diplomatie ne peut plus être isolée des réalités du terrain.

Le Sénégal ne peut se permettre une diplomatie faible dans une région en feu. Réformer ce ministère, ce n’est pas seulement changer des hommes, c’est reconstruire une capacité stratégique. Il y va de notre sécurité, de notre influence, et de notre place dans le monde.

De nos jours, relever le défi sécuritaire en Afrique exige une appréhension profonde de cette difficulté des temps modernes. Les biais sécuritaires sont multiples et variés. Ils sont principalement liés au terrorisme et à l’extrémisme violent, au trafic frontalier et à la criminalité organisée, à la faiblesse des Etats, aux crises communautaires et identitaires, à l’instabilité politique et les coups d’Etat, mais aussi aux effets des changements climatiques. Le problème le plus redouté et qui empêche les gouvernants de fermer les yeux reste la menace djihadiste avec ses corolaires : le terrorisme et l’extrémisme violent.

Singulièrement, les pays de la sous-région ouest-africaine font face à une déflagration tellement sournoise que l’implication des peuples dans la gestion de leur propre sécurité est devenue un impératif. C’est dans ce sens qu’il faut appréhender la récente prise de parole du général à la retraite Meissa Sellé Ndiaye, ancien aide de camp du Président Macky Sall, lançant un appel à la vigilance. La diplomatie sécuritaire intervient alors comme un acte de résistance et de fraternité au sein des différents peuples.

Face à la déflagration silencieuse qui frappe le Sahel, il est une urgence que les peuples ne peuvent plus déléguer aux chancelleries : la sécurité commune. Entre le Sénégal, la Guinée-Bissau, le Mali, la Gambie, la République de Guinée et la Mauritanie, cinq pays frères, liés par la mémoire, la géographie et le sang, la diplomatie doit se réinventer pour devenir un bouclier populaire. Il ne s’agit plus de réunions formelles dans des capitales éloignées, mais d’une diplomatie enracinée dans les réalités du terrain, portée par l’ambition de protéger nos frontières, nos villages, nos enfants.

Le Sénégal ne peut plus se contenter d’une diplomatie décorative dans un monde où les menaces avancent masquées et où les alliances se redessinent sans prévenir. La tournée du Premier ministre Ousmane SONKO n’est pas une parenthèse, mais un point de bascule. Elle révèle une volonté d’agir, là où d’autres hésitent. Elle affirme une posture de veille, de souveraineté et de construction d’un destin commun avec les peuples frères de la région.

Face aux dérèglements géopolitiques, à la prolifération des groupes armés, au silence stratégique de certaines élites diplomatiques, le Sénégal n’a plus le choix : il doit incarner une diplomatie de combat et de sécurité, fondée sur la vérité, la solidarité et l’action. Une diplomatie qui protège, qui anticipe, qui refuse l’humiliation du suivisme et l’abandon des peuples. Ce choix n’est pas idéologique. Il est vital. Si cette orientation sécuritaire n’est pas consolidée, elle sera absorbée par les inerties technocratiques. Mais si elle est portée avec constance, pensée comme doctrine, défendue comme exigence, alors elle deviendra le socle d’une diplomatie nouvelle. Une diplomatie qui ne quémande pas, mais qui construit. Une diplomatie qui ne fuit pas, mais qui résiste. Une diplomatie à la hauteur des défis d’un Sénégal nouveau et d’un continent en marche.

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