Pour qu’il soit restitué au Peuple son vote ! (Samba Nd. Diallo)

« Soon we’ll find out who is the real revolutionary and

I don’t want my people to be tricked by mercenaries.

(Bientôt nous saurons qui est le vrai révolutionnaire

 Et je n’aime pas que mon peuple soit dupé par

les mercenaires) Bob Marley, 1979. »

Une Révolution est en passe d’être dévoyée. Elle est effritée (pour quelque peu et heureusement), par ceux qui ont hâte d’atteindre la croisée des chemins. Ils voudraient poursuivre leur route sur les chemins fleuris de richesses, de luxures et de jouissances. Ces chemins-là parsemés aussi, de condescendance, d’injustice et d’inégalités qu’abhorre  le bon peuple que nous sommes. Ces chemins que la majorité a voulu abandonner pour celui de la rupture systémique, du don de soi. Seulement, à la croisée des chemins, c’est une banale habitude que de se dire au revoir…

A la tête de cette Révolution, il ne reste plus que les civilités à sauvegarder entre les deux hommes qui la dirigent. Les hommes et les femmes qui constituent le reste du groupe sont dans une situation inconfortable. La crainte et l’incertitude les a calfeutrés dans un polissage des comportements et donc, dans une certaine mesure, à une retenue inhabituelle dans les déclarations. Ils ne disent pas encore ce qu’ils pensent ni ce qu’ils vont faire. Ils ont peur de perdre les sinécures que leur a apportées la Révolution, en quelque sorte.

Des alliances contre nature se scellent, ici ou là. Des coalitions politiques de machins et de chouettes se forment, sans qu’aucune élection ne se scrute à l’horizon proche. Les bannis et les loués se retrouvent, se brassent et s’embrassent. Ceux qui partagent avec le diable ses diableries se rassemblent et s’allient avec lui.

Le Temple est morne, comme habité de silence et de silencieux. Les sages se sont tus. Ils attendent que la Cité se consume. Ils feront leurs sermons, debout sur les cendres. Obséquieux et opportunistes se meuvent aisément. Ils sont en milieu connu et favori. Ils se délectent, se trompent les uns les autres. C’est comme dans les sempiternels marchés de dupes, dont on en a installé un (de nom, sûrement), dans une de nos villes. Les thuriféraires peignent avec le verbe dithyrambique leur favori dans ce mélimélo, en or factice. Ils se valent.

L’Assemblée Nationale trône toujours à la Place Soweto, bordée de ses croquemitaines. Elle fait désormais partie de notre imaginaire anodin. Certains députés y viennent des fois, pour y passer quelque temps, pour y parler de tout et de rien. Et de toute façon, on n’y légifère pas, comme de devoir et de nécessité. Cette priorité semble vague et lointaine. D’autres, entre les quatre coins de la terre ou terrés chez eux tout simplement, n’en connaissent plus le chemin, ou presque.

L’Université est en ébullition, les disciples de Socrate rechantent à l’Etat  leur ritournelle de volée de bois vert. Ils jettent des pierres aussi. La solution sera ponctuelle, le problème différé. Il se posera de nouveau, bientôt. Les conditions objectives sont réunies pour que cela ne change pas. Aucune volonté ne daignent encore les bouleverser.

Les pseudo-savants, diseurs d’aventures et de balivernes, prédisent des lendemains sombres. Ils se frottent les mains, car ça paie bien au pays des « assoiffés de merveilleux », comme disait Abdou Diouf, ancien Président du Sénégal.

Les insulteurs publics insultent toujours la même personne. Il faut bien qu’ils méritent leur rente. Les scripts continuent d’écrire tous les jours les mêmes vilénies sur la même personne, pour les mêmes raisons que les premiers. Ils sont sous l’antre d’une carapace invisible, semble-t-il.

La Presse a brisé d’elle-même sa maison de verre. Elle a pensé pouvoir jeter la première pierre. Ceux qui  y habitent sont passés de confrères à compères. Et depuis, ils n’arrêtent de se jeter des pierres.

Ceux qui ont pillé honteusement nos trésors continuent de sortir de prison un à un, avec un air de déjà-vu. Ils ne rendront pas compte, du tout. Ils ne rendront pas, rubis-sur-l ‘ongle, ce qu’ils nous ont pris. Ils ne paieront pas non plus, ce lourd tribut que paient ceux qui nous prennent une brebis, deux poules ou trois coqs ça-et-là… C’est un pays d’excès et de paradoxe, ce qui choque doit sûrement se trouver entre les deux, ou pas du tout ! Et puis vogue la galère…

La République s’est arrêtée. L’Etat est à ses habitudes ; lent, impassible, invisible mais lissé par ses orfèvres qui restent les seuls à porter les bijoux qu’ils fabriquent. Ils se retrouvent seuls dans ce qu’ils font, dans ce qu’ils disent et dans ce qu’ils se disent. Même qu’ils abusent, même qu’ils désabusent ! Et d’ailleurs qui va les interrompre ?

Voilà, si l’on veut être concis, une sommaire description de notre écosystème politique !

Cette situation est une conséquence des vicissitudes de la « Révolution démocratique » survenue le 24 mars 2024. C’est une situation exceptionnelle qui a conduit à élire un Président dont on avait demandé qu’il se comportât de façon exceptionnelle, bien sûr dans le cadre des lois et règlements de la République. Parce que nous étions arrivés à un manque de raisonnabilité et de rigueur tel, que le candidat à l’élection présidentielle (Ousmane Sonko, le plus populaire d’entre tous), avait été empêché de postuler pour le délit de diffamation. C’est une hérésie juridique sur laquelle il n’est point besoin de revenir, non sans oublier qu’elle nous a coûtés une centaine de morts, autant de mutilés et des milliers de prisonniers. C’est le candidat empêché qui avait désigné son second qui avait gagné l’élection au premier tour. On en connait tous la suite… Cependant, il est important de rappeler que les causes qui on produit ces effets sont restées intactes ; comme qui dirait que la tempête est encore contenue dans le verre.

La Révolution du 24 mars est arrivée dans un contexte où, le commun vouloir de vivre ensemble a été gravement entamé par quelques viles ambitions d’un Chef venu du hasard et hasardeux. La haine et la violence avaient été socialisées. Le malheur des uns, comme dit l’adage, faisait le bonheur des autres. Et les autres, c’était une poignée de privilégiés autour d’un système clanique. Le bouleversement a quand même eu lieu malgré tout, par la démocratie dans son acception la plus anodine : le pouvoir de la majorité sur la minorité. C’est ainsi qu’un certain Bassirou Diomaye Faye devint le Président de la République du Sénégal par Ousmane Sonko qui l’a désigné de par sa légitimité populaire légendaire et ce dernier, le Premier ministre du Sénégal par Bassirou Diomaye Faye qui l’a nommé de par ses pouvoirs constitutionnels. Ceci a entrainé cela. Ils ont mené la Révolution avec leur organisation et la majorité silencieuse du Peuple, sous le concept du « Jub Jubël Jubbënti » tiré de la langue la mieux parlée du pays. Ils y sont arrivés. Ils ne se sont accommodés d’aucun lobby ; ni clérical ni affairiste. C’est un appel aux vertus de Rectitude comportementale, de Droiture dans la pratique et à la Rectification des errements dont il est question. C’est d’une rupture systémique dont ils nous parlent.

C’était le moment ou jamais de rompre d’avec la rigidité conservatrice hostile au changement. L’heure était donc arrivée de comprendre que l’on ne défait pas un système avec les mêmes règles ni avec ceux qui les ont faites. Il s’agit de révolutionner, de bouleverser, de changer fondamentalement les choses et les esprits. Parce que les méthodes par lesquelles arrive la Révolution (la rupture systémique), viennent des esprits et de nulle part ailleurs. La faire survenir est une chose, la maintenir intacte et pérenne en est une autre. La seule méthode connue pour y arriver, c’est la rigueur. Car, c’est avec elle que la discipline organise les esprits.

Hélas, le tandem révolutionnaire, semble-t-il, vient de se heurter aux démons de la division ! Les démons dont parlait le feu Président du Conseil Constitutionnel lorsque solennellement, il avertissait le nouveau Président de la République qui venait prêter serment devant l’institution dont il était à la tête. Il lui avait rappelé les chemins difficiles et les nombreux sacrifices des autres, qui l’ont mené à ce Devoir suprême.

Cependant, il ne faudrait pas que l’on demande à la majorité qui a gagné l’élection présidentielle de laisser le Pouvoir de gouverner à d’autres qui ont fait leurs preuves et leur temps. Il ne faudrait pas qu’ils reviennent en mercenaires pour tronquer le vote et la volonté du Peuple. L’exercice de la démocratie commence par l’acceptation du pouvoir de la majorité que lui donne le Peuple sur la minorité. Celle-ci jouira des droits et devoirs que lui auront dévolus les lois et règlements que votera la majorité. Le contraire ne saurait être envisageable. C’est pourquoi, la cohérence voudrait que le Pouvoir législatif s’emploie à prendre dès à présent, les mesures correctives pour conduire la Révolution telle que le Peuple Sénégalais l’a votée en son écrasante majorité le 24 mars 2024. Il faut que toutes les réformes nécessaires se fassent par ce mécanisme ; le seul qui ne soit pas encore grippé. Cet exercice réussira et la Rupture systémique sera. Cet exercice échouera et la Rupture systémique ne sera pas, mais aura le mérite cette fois-ci, de faire tomber tous les masques et définitivement.

Il faudra peut-être s’apprécier dans la  différence, mais on ne se retrouvera que dans la cohérence. Il n’existe pas de voie médiane. C’est ce que doivent nos dirigeants au Peuple Sénégalais. C’est le seul respect aux principes démocratiques que nous nous sommes choisis qui vaille ! Et ça n’est pas trop leur demander.