De mémoire de Thiessois, rares ont été les moments où un public a attendu, aussi longtemps sans en démordre même pas un court instant, une tête de liste nationale à des élections législatives. J’avais pris place à la tribune officielle, dressée pour la circonstance, à côté de l’hôte principal du jour, le Ministre Augustin TINE. Les maires du département, en ordre de bataille étaient aussi témoins, sous les cris et les applaudissements d’une foule en liesse. La chronique annoncée d’une large victoire venait de s’enclencher sous nos yeux.
A l’instar de l’ancien directeur de campagne d’Abdoulaye WADE en 2007, la déflagration provoquée par la liste Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) dirigée par le Premier Ministre Mahammed Boun Abdallah DIONNE a rapidement inspiré la même réflexion à la quasi-totalité de la classe politique : et si le candidat Macky l’emportait finalement en 2019 ? La pertinence de la question réside dans le fait que nous venons d’assister à un premier tour de la présidentielle prochaine, selon l’avis de beaucoup d’observateurs, au même moment où la barque de l’opposition commence à prendre de l’eau. Aujourd’hui, l’inquiétude est d’autant plus palpable que le « triomphe-surprise » de Bennoo Bokk Yaakaar (BBY) dans les villes initialement attribué à tort à l’opposition est perçu comme un remake de la victoire de Macky SALL en 2007, un autre phénomène passé totalement en-dessous des radars sondagiers. En vérité, la majorité des Sénégalais aime bien le Président Macky SALL.
Il y a quelques temps, le responsable de Manko Taxawu Sénégal dans la Capitale du Rail arborait une mine de mépris lorsqu’on évoquait devant lui l’hypothèse de sa défaite dans le département de THIES. Même dans ses plus fous cauchemars, le Président du Conseil Départemental de Thiès peinait à imaginer un tel scénario. Lui qui est resté en hibernation pendant de longs mois pensant que le vote de l’électeur thiessois lui était éternellement acquis. Dès lors, en mettant en œuvre autant de moyens humains et techniques pour convaincre, Mahammed Boun Abdallah DIONNE avait fini de faire la différence entre le vote et les intentions de vote. Contrairement à ses concurrents, depuis des mois et des mois, DIONNE traçait son sillon calmement, sérieusement, avec dans sa besace un projet précis et puissant (le Plan Sénégal Emergent) et un bilan (celui du Président de la République). Ce dimanche 30 juillet, il a terminé largement en tête du classement pour les législatives, selon les résultats provisoires annoncés par les différentes commissions départementales de recensement des votes. Ainsi, pour y arriver, le Premier Ministre Mahammed Boun Abdallah DIONNE, tête de liste nationale a défié le réel. Il a bravé régulièrement l’ardeur du soleil et souvent la violence des vents et de la pluie, de jour comme de nuit. Un vrai coup de tonnerre que l’opposition (toutes coalitions confondues) et les médias n’ont pas vu venir, y compris ce grand orgueilleux, qui n’a cessé de répéter qu’il allait « faire mentir les pronostics » en confirmant sa mainmise sur le département de THIES. Résultat des courses : l’enthousiasme s’est vite dissipé, et il a encore une fois raté le rendez-vous avec l’histoire et manqué son pari d’arriver en tête au soir du 30 juillet, annihilant ainsi sa volonté de créer une dynamique pour 2019 suffisamment « fourbe et roublarde » susceptible de faire de lui le 5ème Président de la République du Sénégal.
Dans sa déchéance politique, Idrissa emportera un ancien compagnon du Président, le Ministre Thierno Alassane SALL. Je n’aurais pas fait cas de cet épisode si le personnage n’était pas l’auteur d’immixtions malheureuses dans la campagne électorale. A travers une tentative maladroite de donner un sens à sa démission de l’APR et de s’ériger en modèle d’éthique et d’honnêteté, l’autre M. SALL a évoqué dans les médias, que le pouvoir de Macky SALL « achète des électeurs comme de la marchandise, avec un processus électoral qui avançait depuis 1960 mais qui ne cesse de régresser en ce moment, juste pour maintenir l’APR au pouvoir encore des années » (cf. Dakaractu du Mercredi 26 Juillet 2017). TAS semblait indiquer que cette situation, alliée à sa volonté de combattre BBY sous une autre bannière, allait empêcher les électeurs Thiessois de voter pour la liste du Président Macky SALL. Et que nenni ! Le département de Thiès, à l’instar de la majorité des localités du pays, est complètement acquis à la cause de Bennoo Bokk Yaakaar.
Cependant, TAS avait-il politiquement besoin de faire cette sortie de presse pour mériter la pitié des Thiessois ? Pour rappel, Thierno Alassane SALL a été limogé du gouvernement au sortir des élections locales de 2014 pour avoir inspiré des listes dissidentes à Thiès, mais aussi pour insuffisance de résultat électoral. Il a été remis en selle par Mahammed Boun Abdallah DIONNE avec le portefeuille de l’Energie. Combien sont-ils ces Sénégalais qui sont limogés pour des fautes politiques aussi lourdes et qui sont « recyclés » dans le même mandat ? Combien sont-ils ces Sénégalais qui ont reçu la visite de l’autorité suprême de la République himself, suite à la perte d’un membre de leur famille ? Que de regret et d’amertume dans les cœurs ! Le Président Macky SALL ne peut pas mériter un coup pareil venant d’un proche collaborateur.

In fine, le peuple sénégalais s’est résolument décidé à accompagner jusqu’au bout son Président de la République. Toutefois, cette écrasante victoire ne doit pas nous cacher l’une des principales sources de difficulté durant ce scrutin du 30 juillet. En effet, la position ordinale des bulletins de la coalition Bennoo Bokk Yaakaar n’a nullement facilité le vote d’une certaine catégorie de nos électeurs. C’est à se demander comment une coalition de partis au pouvoir peut-elle se payer le luxe d’être devancé (42ème position) dans ce type d’exercice ?
Il s’agira désormais d’impulser un élan de combativité aux troupes en assurant de poursuivre le combat dans la même dynamique.
2019, est déjà là !